LE SITE-MÉMORIAL DU CAMP DES MILLES

Le Site-mémorial du Camp des Milles est un musée d’Histoire et des Sciences de l’Homme innovant et unique en France. S’appuyant sur son histoire, il permet de comprendre comment les discriminations, les racismes, l’antisémitisme et les extrémismes peuvent mener au pire et les moyens pour chacun de s’opposer à ces intolérances.

Résolument tourné vers l’éducation citoyenne et l'enseignement de la fraternité, du respect de l'autre et du vivre ensemble, le lieu a été pensé comme un musée d’idées, un laboratoire innovant dans son contenu comme dans ses nombreux dispositifs pédagogiques. Initié par l’engagement et la volonté de la société civile il y a maintenant 33 ans, le Site-Mémorial, situé sur les lieux-mêmes d’un ancien camp d’internement et de déportation en zone « non occupée », est aujourd’hui un haut lieu européen d'Histoire, de Mémoire, d'Éducation et de Culture, soutenu en particulier par quatre ministères, les collectivités locales mais aussi par les grandes associations et fondations.

Le lieu a pour objectif citoyen, à partir d’une histoire et d’un lieu forts, de valoriser et promouvoir le respect mutuel, la diversité, la tolérance, le rapprochement des peuples et le vivre ensemble.

Le Site-Mémorial a été entouré du soutien des plus grands porteurs de la mémoire comme Madame Simone Veil, Messieurs Jorge Semprun, Serge Klarsfeld, Elie Wiesel et Robert Badinter ainsi que par l’État, le milieu associatif et par les principaux représentants des différents cultes, chrétien, musulman et juif.

 

APPRENDRE DE NOTRE PASSÉ

HISTOIRE/MÉMOIRE 

 

Le Camp des Milles présente une histoire singulière et inédite. C’est l’histoire d’une tuilerie ordinaire, un lieu de travail ordinaire qui basculera en 1939 pour devenir, suite à un engrenage de persécutions xénophobe, politique et antisémite, en 1942 un « Vel d’Hiv du sud » avant même l’occupation allemande de la zone sud.

Dans ce bâtiment furent ainsi internées entre 1939 et 1942, plus de 10 000 personnes de 38 nationalités, dans des conditions de plus en plus dures. Réfugiée en France, la plupart fuyait le totalitarisme, le fanatisme et les persécutions en Europe.

L'histoire du Camp des Milles témoigne de l'engrenage des intolérances successives, xénophobe, raciste, idéologique et antisémite qui conduisit à la déportation de plus de 2 000 hommes, femmes et enfants juifs depuis ce camp vers le camp d'extermination d'Auschwitz, via Drancy et Rivesaltes.

Ils faisaient partie des 10 000 Juifs de la zone dite "libre", qui, avant même l'occupation de cette zone, ont été livrés aux nazis par le régime de Vichy, puis assassinés dans le cadre de la "Solution finale".

Les parties historiques et mémorielles du parcours muséographique du Site-mémorial permettent ainsi de mieux appréhender cette période complexe et douloureuse de l’histoire du camp.

 

RAPPEL SYNTHETIQUE DE L’HISTOIRE DU CAMP DES MILLES :

Première période : IIIe République

Septembre 1939 - Juin 1940

Camp d’internement pour “sujets ennemis”

Deuxième période : Régime de Vichy

Juillet 1940 - Juillet 1942

Camp de transit et d’internement des “indésirables”

Dernière période : Vichy - “Solution finale”

Août 1942 - Septembre 1942

Déportation des Juifs vers Auschwitz, via Drancy

 

 

COMPRENDRE POUR AGIR :

LE VOLET RÉFLEXIF

 

Figurant dans la 3ème partie du parcours de visite du Site-mémorial, cette partie est unique au monde sur un lieu de mémoire. Elle est la principale matière du livre Pour Résister aux engrenages des extrémismes, des racismes et de l’antisémitisme.

Conçue, comme l’ensemble du parcours museographique, par un Conseil Scientifique international et pluridisciplinaire (composé d'universitaires reconnus), sous la direction d’Alain Chouraqui, le volet Réflexif est fondé sur la compréhension et la présentation de mécanismes universels d’engrenages vers le pire mais aussi de résistances.

Elle s’appuie ainsi sur l’expérience des génocides des Tutsis, des Juifs et des Arméniens pour construire le socle d’une solide convergence des mémoires qui peut réunir les peuples, à partir de l’expérience tragique de l’humanité, sur la compréhension des mécanismes humains qui sont à l’œuvre encore aujourd’hui dans toute société.

Elle permet, grâce à des repères pluridisciplinaires de donner des clés de compréhension, et de faire prendre conscience que, éclairé par ce passé tragique, chacun peut se mobiliser pour faire obstacle à la résurgence de l’intolérance et de la haine.

Films, archives sonores, dispositifs interactifs… accompagnent ainsi ce volet afin que le visiteur puisse identifier les barbaries à leurs commencements.

Le Volet Réflexif prend fin devant un “Mur des Actes justes” qui montre la variété des actes de résistance et de sauvetage possibles et la grande diversité des hommes et des femmes qui nous ressemblent et qui ont su réagir efficacement, chacun à sa manière.

L’approche innovante dans cette partie « Réflexive », a été reconnue au niveau international et récemment récompensée par une Chaire UNESCO (sur le thème Éducation Citoyenne et Convergence des Mémoires, obtenue en partenariat avec l’Université d’Aix-Marseille).

 

FOCUS 1 : RÉSISTER PAR L’ART ET LA CRÉATION

LES ARTISTES ET INTELLECTUELS DU CAMP

 

Une des caractéristiques du Camp des Milles réside dans la diversité d’artistes et intellectuels qui y furent internés et qui résistèrent par la l’esprit, l’art et la création aux tentatives de déshumanisation et aux persécutions, dont ils faisaient face.

Comme en témoigne l’ampleur et la diversité de la production artistique qu’ils réaliseront malgré les privations et le manque de moyens. Certains bénéficient déjà d’une renommée internationale tandis que d’autres ne seront reconnus qu’après la guerre.

Cette production est surtout abondante durant la première période du camp, entre 1939 et 1940. Mais on la retrouve avec une intensité variable tout au long de l’existence du camp, jusqu’à l’été 1942.

La riche programmation culturelle annuelle du Camp des Milles (plus de 35 dates) raisonne comme un écho à leurs mémoires.

Toutes les disciplines sont concernées : la peinture et le dessin (avec notamment Max Ernst, Hans Bellmer, Robert Liebknecht, Gustav Ehrlich dit Gus, Éric Isenburger, Ferdinand Springer, Werner Laves, Leo Marschütz, Franz Meyer, Alfred Otto Wolfgang Schulze dit Wols, Max Lingner et Karl Bodek) ; la littérature avec des écrivains, poètes, traducteurs ou critiques (comme Alfred Kantorowicz, Golo Mann, Lion Feuchtwanger, Franz Hessel, Manès Sperber, Friedrich Wolf) ; la musique (avec le pianiste et compositeur Erich Itor Kahn, le chef d’orchestre Adolf Siebert, les chanteurs Ernst Mosbacher, Joseph Schmidt, Léo et Siegfried Kurzer...) ; le théâtre avec des comédiens, chansonniers, auteurs dramatiques et metteurs en scène (comme Friedrich Schramm et Max Schlesinger) ; la sculpture avec Peter Lipman-Wulf...

À leurs côtés, sont aussi présents des architectes (Konrad Wachsmann...), des professeurs d’université, prix Nobel (avec Otto Meyerhof, prix Nobel de médecine en 1922, Tadeus Reichstein, prix Nobel en 1950 pour son invention de la cortisone), médecins, avocats ou journalistes mais aussi des députés ou hommes politiques allemands, autrichiens, italiens...

Plus de 400 oeuvres sont ainsi conçues au camp des Milles. En outre, des centaines de traces, décorations ou graffiti anonymes ont été mis au jour. Ces artistes sont imprégnés des grands courants du début du XXe siècle et marquent de leur empreinte l’histoire des Milles et sa mémoire.

 

LA SALLE DES PEINTURES MURALES

 

Cette salle est située dans les parties extérieures du Site-mémorial. Réfectoire des gardiens, à l’époque de l’internement, elle abrite d’imposantes peintures murales réalisées par des artistes internés en 1940-1941. Ces peintures ont été restaurées et sont désormais accessibles au public.

« DIE KATAKOMBE »

Situé dans les parties mémorielles du Site-mémorial, “Die Katakombe”, est situé dans un four à tuiles, utilisé pendant la période industrielle. Ce four sera transformé par les artistes internés en « refuge » de la vie culturelle au camp. Son nom vient d’un cabaret contestataire de Berlin fermé par les nazis en 1935.

 

 

FOCUS 2 : 30 ANS DE COMBATS CONTRE L’OUBLI

LE PARCOURS EXEMPLAIRE DE CITOYENS ORDINAIRES

 

C’est un combat citoyen difficile mais nécessaire de 30 ans (1982-2012) pour permettre au Site-mémorial du Camp des Milles de voir enfin le jour. Un combat pour la mémoire du Camp des Milles et pour que l’homme puisse apprendre de ce passé.

Un combat contre l’oubli et l’ignorance, porté par quelques hommes et femmes, longtemps seuls, sans aucun appui, bien au contraire, mais avec la force de leur conviction tenace.

Tous ensemble, au service de valeurs communes, ils ont protégé et ouvert au public le seul grand camp français d’internement et de déportation encore intact, et ainsi sorti de l’oubli des noms et des visages que certains voulaient effacer à jamais.

Parmi eux Denise-Toros Marter, déportée à Auschwitz à l’âge de 16 ans et rescapée de ce camp, Louis Monguilan, résistant déporté à Mauthausen, Sidney Chouraqui, Avocat, engagé volontaire dans les Forces françaises libres et son fils Alain Chouraqui, directeur de Recherche au CNRS et aujourd’hui Président de la Fondation du Camp des Milles-Mémoire et Éducation.

 

 

FOCUS 3 :

LA FONDATION DU CAMP DES MILLES - MÉMOIRE ET ÉDUCATION

 

La Fondation du Camp des Milles - Mémoire et Éducation  est un établissement sans but lucratif, reconnu d'utilité publique par décret du Premier ministre en date du 25 février 2009.

Présidée par M. Alain Chouraqui (Directeur de Recherche au CNRS), elle est dirigée par un large Conseil d'administration qui représente la diversité de ses partenaires publics (État et collectivités territoriales), privés et associatifs, ainsi que des personnalités qualifiées.

Elle avait pour mission d'aménager les espaces et bâtiments de l'ancienne tuilerie des Milles devenue entre 1939 et 1942 camp d'internement et de déportation, pour en faire un haut-lieu de Mémoire et d'Histoire au service de l'Éducation citoyenne et de la culture.

Elle est aujourd’hui en charge de la gestion et du développement du Site-Mémorial du Camp des Milles, ainsi que des activités d'accueil des publics, de formation, de culture, de recherche et de coopération internationale

 

> Principaux partenaires publics, privés et associatifs de la Fondation du Camp des Milles-Mémoire et Éducation :

Ministères de la Culture, de l’Éducation nationale de l’Intérieur et de la Défense, Région Provence Alpes Côte d’Azur, Département des Bouches-du-Rhône, Métropole Aix-Marseille Provence, Ville d’Aix-en-Provence, Fondation pour la Mémoire de la Shoah, Mémorial de la Shoah, CRIF, Association des Fils et Filles des déportés Juifs de France, Association du Wagon souvenir (regroupant l’ensemble des associations locales d’anciens résistants, internés et déportés), Groupe Lafarge, rejoints par la Communauté Urbaine de Marseille, les villes de Marseille, Vaulx-en-Velin e Vitrolles, la Fondation d’Entreprise Écureuil, France Télécom, Axa, la SNCF, le Groupe Alteor, Sunmedia, la Fondation d’Entreprise EDF, la Fondation d’Entreprise Crédit Agricole, la Délégation Interministérielle à la Lutte Contre le Racisme et l’Antisémitisme (DILCRA) et le Défenseur des Droits (DDD).

 

 

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