Chez l'homme, 60 à 80% des neurones de l’encéphale se trouvent dans le cervelet, soulignant l'importance de cette structure. Initialement, les fonctions du cervelet ont été déduites des travaux d’expérimentation animale. Son implication dans les fonctions motrices a été confirmée plus tard, chez l’homme, au travers de nombreux travaux cliniques, aboutissant à la description du syndrome cérébelleux. Une relation étroite entre le cervelet et le système végétatif a rapidement été mise en évidence et le rôle inhibiteur du vermis et du lobe antérieur a été établis, mais le rôle traditionnel du cervelet est celui du contrôle moteur et de la coordination.
Dans les années 1970 l’intérêt pour les fonctions non motrices du cervelet s’est accru, sous l’influence de la psychologie développementale qui a été amenée à considérer que le cervelet participait au développement émotionnel chez l’enfant. Une revue complète de la littérature met en évidence les fonctions non motrices du cervelet, suggérant que le cervelet contribue au traitement des informations sensorielles, à l’apprentissage, aux performances, aux émotions, à la récompense et à la motivation. Plus récemment, d’autres fonctions ont été ajoutées, telles que les processus cognitifs, le langage, la mémoire verbale, le contrôle exécutif.
 
L’IRM a permis de revisiter l’anatomie fonctionnelle du cervelet, permettant de délimiter des lobules. Le traçage des voies, à l'aide l'imagerie du tenseur de diffusion, chez l'homme montre que la proportion de connexions du cervelet avec les régions frontales, est supérieure à la proportion des zones motrices. De plus, les connexions entre le cervelet et le cortex sont topographiquement organisé avec le cervelet antérieur, recevant la majorité de son apport des zones motrices et sensorielles, alors que le lobe postérieur du cervelet est connecté aux zones associatives et préfrontales du cortex. Des études anatomiques et fonctionnelles chez l’animal et chez l’homme montrent que le cervelet reçoit également des afférences et projette vers les zones associatives et préfrontales du cortex. L’existence de ces voies est cohérente avec l'hypothèse que le cervelet est un nœud essentiel dans les réseaux cortico-sous-corticaux, sous-tendant les fonctions cognitives.
 
Ce n’est que dans une littérature très récente, qu’est suggéré que le cervelet pourrait jouer un rôle critique dans les processus de régulation des émotions et les interactions psycho-sociales. Un pattern complexe de déficits cognitifs et affectifs, caractérisant des patients, porteurs de lésions cérébelleuses focales, a été appelé syndrome cérébelleux cognitif et affectif. Ainsi, les lésions du cervelet peuvent altérer la régulation de l’humeur et de la personnalité et entrainer des manifestations psychiatriques.
 
L’objectif du trente-quatrième congrès du GRAL est de faire le point sur l’implication du cervelet, dans ses dimensions cognitives et affectives dans les maladies neuro-dégénératives du système nerveux central.
 
 
Docteur Bernard François MICHEL
Président du GRAL
 
           
 
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